mercredi 21 février 2024

Réflexions sociales sur le N°2

Typologie N°2 – rélexions sociales

 Bonjour à toi, les prochains sujets de Typologies & Tempéraments ne sont pas encore publiés mais des demandes de followers m'incitent déjà à t'écrire. Le blog fait sa route et je reste stupéfaite des réactions qu'a pu susciter, même en haut lieu, mon étude du N°2. Je t'invite donc à préciser, avec moi, par étapes, certains points supplémentaires de cette typologie passionnante.   

Les restos du quoi ?

La typologie du N°2 est-elle celle du sauveur idéal ?


Une followeuse – Chantal, de Bourgogne – m'annonce : D'accord pour les déviances possibles du N°2 mais quid des figures emblématiques de l'Abbé Pierre, Mère Teresa, Coluche... ? 
Elle a raison, Chantou. Il faut comprendre ici une grande base typologique ; jusqu'où doit aller une analyse ? À partir de quand, le levier de l'évaluation est-il susceptible de ne mettre à jour que des déviances, noirceurs, ombres... qui ne seraient pas tant la vérité que les projections du regardeur même, manquant d'introspection sincère. Posons là quelques jalons méthodologiques directs :
- La plupart des typologistes, dont Gurdjieff, nous annoncent  au moins « 3 niveaux » par type ; du plus élevé au plus déviant... Nous avons déjà également parlé du Tertium  pas tant élevé dans le sens du bien que dans la conscience de ses actes. L'anthropologue et le sociologue ont résolu, eux, ce problème de l'identification par « l'observation participante » ; l'expérimentation sensitive du dedans/dehors doit être suivie par la compréhension consciente et la restitution à froid.
- Problème ; vers quel côté tend l'âme humaine ? Si Jung nous vend sa sagesse, sa fonction transcendante, toutes ses typologies se concluent cependant en névrose de caniveau, son fond de commerce... Pourtant Barbault nous dit qu'exceptionnellement même le N°2 peut vivre un état de grâce, donner aux autres le meilleur de lui-même... On est bien là dans les figures emblématiques du Sauveur ; Abbé Pierre, Mère Teresa, Coluche... C'est plié, rien à dire... D'autant que des auteurs nous aident également à voir la vie en rose, à rechercher le meilleur de chacun car l'humain serait forcément bon. Maslow et Desoille nous révèlent leurs images aériennes lumineuses...
- De fait – sans aller jusqu'à parodier notre ami 8 et son inénarrable On est pas dans un monde de Bisounours – nous sortons ici de la typologie, nous basculons dans le sociologique. Ce blog n'a pas le temps de t'expliquer pourquoi la mondialisation des mêmes images « positives » tend bien vers une forme d'art et pensée totalitaire. Pas le temps de te dire pourquoi les « bonnes » philosophies et religions se méfient de toutes les images... Celles-ci sont d'autant plus une aubaine pour le Sauveur 2 que la majorité des âmes humaines croit à cette « harmonie » du beau et du bon, à cette recherche de la relation thérapeutique idéale... Heureusement il nous reste, pour comprendre, des auteurs fabuleux dont le roi des rois de la sociologie contemporaine ; Erving Goffman. Bourdieu dit de lui, qu'à la fin, malgré son surentraînement à la riposte sociologique, il avait acquis une telle connaissance de la réalité des micro-interactions humaines qu'il n'osait plus sortir... Franchement, dans ton entourage proche, dans le cadre des micro-interactions typologiques qui nous intéressent ici, tu en connais beaucoup des Abbé Pierre, Mère Teresa, Coluche ?... À moins que ceux-là ne « se prennent » pour ceux-ci... Là est toute la nuance, là est l'Intelligence sociale de 2 et ses parèdres dont nous avons déjà parlé. Notre société a besoin des sphères du 2, de leur mise en scène, de leur lueur d'espoir même si celle-ci reste le plus souvent un terrible miroir aux alouettes... Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.

La stratégie du bonheur

Que des 2 en état de grâce soient parfois cooptés et mis en scène, fort bien. Cette stratégie sociale a déjà deux grands avantages :
- Calmer un 2 trublion, potentiellement dangereux, par une mission humanitaire et populaire.
- Renforcer implicitement la sévérité de l'état/institution (sphère du 9) qui fait ainsi croire à un vrai-faux aveu de faiblesse dans sa mission miséricordieuse... 
L'autre esbroufe formidable reste la délégation totale, avec loterie et cagnotte, pour aider le patrimoine, la culture, les incurables, les sans-abris ou que sais-je encore... Favoriser des sphères biaisées, où les principaux « donateurs » pourront influer fortement l'utilisation de leurs défiscalisations... Ne pas oublier non plus que ces structures utiliseront au moins la moitié des subsides reçus en seul fonctionnement interne et emplois cooptés... Rotary club. Sans parler des dérives éventuelles « d'enfoirés » bénévoles, des recettes médiatiques implicites et autres captations public/privé territoriales... 

Sommes-nous encore allés trop loin dans l'analyse du 2 ? Ce qui est important, ici, c'est de comprendre que – par la connaissance du 2 – tu pourras tout suite repérer quand le « fond » et l'intention réelle d'une action humanitaire, pédagogique, culturelle, écologique, aidante... est « limite ». Souvent, le mystère de ce double jeu – grande caractéristique du Pervers narcissique/PN – ne t'apparaîtra qu'au fond du trou 10, trop tard... Quand, par « demi-tour », tu devineras qui se cachait derrière la dualité Ami/Antagoniste du duo 11, derrière le trône de 12, derrière le zèbre 3... Quand tu seras revenu à la sphère hypnotique du 2 même si la tradition associe bien ce PN au N° 11, en Tertium non datur... 

Le mystère de 2 et 11 enfin révélé :

À croire que le véritable 2 est encore un chic type comme nous l'avons déjà signalé. Nous parlons bien du 2, pas de 12, pas du pater familias qui agit humainement en secret. 2 n'est pas Monsieur Madeleine, le grand rival dont il est jaloux. 2 n'est pas Lino Ventura et nous aurons beaucoup à dire sur cette typologie du 12 que Barbault associe aussi volontiers à 7.
Disons juste qu'un N°2 peut en dissimuler un autre plus redoutable encore. Je voudrais évoquer, pour toi, l'existence de ces 2/11 d'excellence... et il faut être ici très prudent. Nous le savons, 2 est du domaine de l'imitation, de l'usure... Il peut avoir des stratégies avec plusieurs coups d'avance ; il sait déjà ce que tu pourrais penser de lui. Le piège, pour tout détracteur du 2 et de ses groupes, serait de « lier » et généraliser ces zones d'intérêt à une culture, à un peuple, à une couleur de peau... 2 ne demande pas mieux, 2 n'attend que ça ; tu as déjà perdu... Si tu n'es pas avec 2, tu es donc contre lui... Mieux, il peut avoir lui-même commandité ses pires détracteurs en « chapelle inverse » (grand mystère de la relation 2 et 10 ), en réseau social aigri et souterrain, où tu ne devras surtout pas glisser... Nous avons déjà vu comment des N°10 ont pu chuter ici dans la niche « historien des minorités » sans parler du wokisme, grande passion pastiche du 2. En vérité, 2 et ses sbires sont partout et je te promets encore de développer là-dessus, un jour, le point de vue de Clouscard. La compréhension de ce phénomène ne se solde pas tant par un dégoût des identités illusoires, par une parodie initiatique pour rejoindre un groupe « idéal » savamment suggéré par un 2 local, par un Choisit ton camp camarade ! , qu'une solitude profonde et un sentiment indicible. Oui, tout groupe autour de toi est « plombé »... La sagesse est ici de se réfugier dans « son » groupe tout en sachant qu'on n'y est pas en sécurité... Il faut avoir lu Gershom Sholem, il faut avoir entendu Dany Laferriere expliquer que « celui qui te ressemble » n'est pas là pour te comprendre, ni te protéger... Au contraire, celui-ci fait souvent du zèle pour le système répressif...  

Kaa le serpent de Mowgli

Le plus fascinant reste certains éléments de langage de ces 2 d'excellence (je les tiens de l'ami Pépé Dick dont j'attends toujours avec impatience un blog à ce sujet ). Florilège : 
2, comme toi, a déjà été victime d'ingratitude... Sais-tu pourquoi ? Parce qu'il a « aidé » des parents/amis et ceux-ci ne lui ont pas été reconnaissants... Cela renvoie à quelque chose de très profond chez chacun de nous – chez toi – qui est que l'on déteste devoir quelque chose à quelqu'un. Cela peut aller jusqu'à nier ce service ou se fâcher ; c'est un moteur très profond de la conscience humaine. La meilleure façon que 2 a trouvé pour prévenir ce problème, c'est encore de te prévenir ; attention, je vais t'aider mais je crains que cela ne te conduise un jour à te fâcher avec moi pour te prouver à toi-même que tu n'y es pour rien... Cette ingratitude est la marque/signe de ton envie et de ta jalousie (autre thème du 2, mystère quant à la frustration de 1 ou la castration symbolique de 12). 

Si tu as personnellement affaire à ce genre de rhétorique, à la stratégie de groupes de 2, attention de ne pas sombrer dans la justification ou, pire, dans l'aigreur. Rire et tout de suite désamorcer le truc avec profil bas, renoncement, humilité, Merci... Merci de ton évaluation et je ne te ferai pas l'affront d'une réciprocité dont tu aurais pourtant grand besoin... 2 n'est jamais autant à l'aise que dans le c'est-çui-qui-dit-qui-est...  Une contre-évaluation directe serait d'autant plus dangereuse que son système tabou est fragile, basé sur des cooptations peu compétentes. Seule sa « prévision des risques » est judicieuse ; il est bien du côté de l'évitement du danger, n'imite que les stratégies d'autres Tertiums et manque en fait cruellement d'innovation. Le problème, c'est quand le système subventionné de 2 a pris le pouvoir et qu'il commence à vaciller ; la curée démarre... les robinets se ferment... la communication est biaisée... la fausse concurrence est exacerbée et une étrange dichotomie s'installe entre une réalité vite invivable et ses fausses promesses sociales. Avec l'habitude, tu pourras donc identifier sans faille la sphère du 2 et ses avatars politiques qui sont tout sauf républicains :
- Aides aléatoires qui s'accompagnent toujours d'un rituel de renoncement, aveu de faiblesse, soumission, remerciement, si ce n'est autocritique publique, propitiation (sa grande névrose), voire abjuration... Sa « justice » est d'ailleurs très friande de cette théâtralité ; remise de peine assurée, quelque soit ton crime... 
- Jugement et évaluation (avec l'aide de 8 et 6) pour mise à niveau, formation, recyclage, reconversion, invitation à faire autre chose, à aller voir ailleurs (mais lui et ses parèdres restent et ne changent pas...). Introspection, doute, voire suspicion de « problème » interne/mental, passage à la question, violence symbolique qui sera aussi vécue physiologiquement, focalisation psychosomatique...
- Prétextes écologiques et sociaux, implications et « apprentissages » qui sont en fait des programmations de réflexes conditionnels favorables à son statut, niches culturelles, fédéralisme obligatoire et compagnonnage, corporatisme, médiations commerciales taxées...

Arrêtons nous là et ne citons surtout personne... Se plaindre du 2 est encore lui donner une importance qu'il ne mérite pas. Revenir aux textes judicieux et à leurs auteurs qui, en comparaison contraire, ont la  volonté de transmettre réellement, d'éduquer, de donner des clefs de compréhension des phénomènes donc de soi-même, d'apporter des solutions à la fois personnelles et universelles, d'analyser la société et d'agir... Cette liste n'est pas exhaustive : Giordano Bruno, Pierre Bourdieu, Erving Goffman, Michel Clouscard, Gilles Deleuze, Paul Ricœur, Alain Finkielkraut, Tobie Nathan, Saul Alinsky, Antonio Gramsci, Gaston Bachelard, Michel Foucault...            

  

Base 4 – la croix des éléments